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lundi 14 mars 2011

Valse en quatre temps (1)


La punition, la fessée était généralement l'affaire de maman. Une affaire ou une valse en quatre temps.

La justice maternelle était un tout : une sentence, une attente, une execution et un pardon.

Avant de parler de fessées particulières, je décrierais le cadre général de "la" fessée. En écartant d'emblée, les petites fessées reçues en bas-age qui relevaient plus du "dressage" que d'autre chose, et qui étaient très brèves et légères sur tout les plans.

La fessée c'était d'abord une sentence : parfois énoncée clairement surtout en bas age, la plupart du temps, la sentence n'était qu'allusive et plus ou moins déterminante. Une sentence pouvant combiner plusieurs des phrases énoncées ci-dessous.

"Tu peux préparer tes fesses" était la plus courante. Presque étrange, comment préparer ces fesses ? Le conseil valait sentence, prémonition de ce qui les attendaient. Une sentence toujours exécutée.

"C'est encore une fessée que tu cherches ?" : allusion la moins menacante qui ne valait pas sentence systématique, mais plutôt comme un rappel et un dernier avertissement. Un rappel d'une fessée récente, proche dans le temps. Un dernier avertissement : cette fessée n'était pas pour tout de suite si je m'amendais immédiatement. Et garantie d'en prendre une dans le cas inverse.

"Files dans ta chambre, on va discuter" : la conclusion de cette discution en forme de cuisante fessée déculottée était courue d'avance. L'attente elle, était plus ou moins longue et angoissante. Une fessée circonscrite en un lieu intime, ni dans le salon ou la cuisine comme quand nous étions seuls dans la maison. Une fessée connue à l'extérieur de ce lieu intime, par mes soeurs, pas les sons, celui des claques sur des fesses mises à nu, et puis celui des cris et des sanglots.

"Papa s'occupera de tes fesses" : la presque plus rare, maman déléguant rarement sa justice. Un peu pour empêcher, sur le fonds, que la mère ne soit que fouettarde alors que le papa n'aurait été que complice. Elle ne s'appliquait pas à mes soeurs, cette sentence étant donc mon privilège. La plus terrifiante : papa prenait ce role de justicier très au sérieux.

"Viens ici" après s'être assise, l'index pointé devant ces genoux. Rare également car il n'y avait même pas l'ombre d'un espoir d'y échapper. Bien sur j'aurais pu résister, je tentais le coup d'ailleurs, mais j'avais aussi le souvenir de mes fessées, rapides elles, juvéniles, ou maman me claquait rapidement les fesses après m'avoir couru après.

"Qu'est-ce que je t'avais promis ?" La plus pénible, car a un moment donné, il me fallait bien dire la réponse : "la fessée". Presque comme si je la demandais.

"Conseil de famille !" : la sentence absolue, la plus rare de toute, la fessée allait être "publique", pour l'exemple, et à tout coup magistrale.

Ces sentences pouvaient être combinées : "Qu'est-ce que je t'avais promis ?" pouvait être suivi du "Files dans ta chambre, on va discuter", et/ou de "Tu peux préparer tes fesses", par exemple. Ce dernier conseil scellait mon sort.

Toute ces menaces étaient le prélude de dialogues, ou ma défense était le plus souvent difficile, et me préparait à la presque inévitable fessée.

Et dans tout les cas me ramenait aux images de la fessée précédente, ou des sons d'une fessée de mes sœurs. Et dans chaque cas, une vaine volonté de remonter dans le temps.

Dans le premier temps de cette valse, le dialogue suivant la sentence, est la transition entre la sentence et la fessée. Je ne le développerais pas, car chaque sentence, chaque dialogue, furent uniques, des cas d'espèces diraient des juristes.

Je n'en parlerais que quand j'évoquerais des fessées particulières.