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jeudi 17 mars 2022

En Tchécoslovaquie, ça marchait à la badine !

De l’usage des châtiments corporels en Tchéquie (du temps de la Tchécoslovaquie) au sein des familles et à l’école.

Par Sevdalina.

Je suis née en Tchéquie, appelée alors Tchécoslovaquie. J’y ai vécu quelques années de mon enfance et puis dire que l’éducation y était sévère, du moins dans ma région, que ce soit à la maison ou à l’école et que cette conception se maintient encore de nos jours.

Chez nous, sans être d’un usage excessif, cela marchait à la baguette au sens propre du terme et, il y a une cinquantaine d’années, il était courant de punir les enfants de cette façon dès qu’ils étaient un peu grands. Plus de fessée à la main, pas de fessée au martinet, instrument inconnu dans ce pays, mais correction avec une badine.

À l’école, depuis le 17e siècle, soit plus de 400 ans, l’éducation est basée sur l’universalité de la formation pour tous, filles et garçons, sans distinction sociale, et les élèves sont toujours invités à s’exprimer à l’oral. Le régime communiste n’a pas vraiment changé cela.

Comme ici en France, les écoles étaient mixtes, mais je ne me souviens pas si c’était complètement généralisé. Il y a une école maternelle qui dure trois ans, puis une école élémentaire, neuf ans, toutes gratuites. Après vient le « gymnasium », école secondaire d’une durée de quatre ans, ou la formation en apprentissage, et enfin, l’enseignement supérieur.

L’acquisition des connaissances est très importante, bien sûr, mais aussi le savoir-vivre, et sur ce point la tradition reste stricte.

Pour en revenir à moi, j’ai connu la fessée à l’école et à la maison.

À l’école ce ne fut pas fréquent. Je garde le souvenir de petites fessées administrées à la main et par-dessus la culotte à l’école maternelle. Je m’en souviens sans avoir d’anecdotes précises à raconter.

Plus tard, à l’école élémentaire, où les enseignants étaient surtout des femmes, même pour les postes de direction, ce ne sont pas eux qui nous punissaient pour les fautes graves, mais la « camarade directrice ». On nous donnait des petits devoirs supplémentaires pour pallier des lacunes naissantes. Cependant, si l’on se comportait vraiment mal en classe, nous étions envoyés dans le couloir nous calmer. Si quelqu’un nous voyait, il devait prévenir la directrice. Celle-ci, venait nous trouver, nous faisait rentrer en classe et nous sermonnait sur l’importance du savoir être.


Après avoir discuté de notre attitude avec l’enseignante, elle annonçait le nombre de coups de badine à recevoir sur-le-champ devant toute la classe. Généralement, c’étaient de deux à vingt-cinq coups, selon l’âge, la récidive, la gravité de la faute. Ils étaient appliqués systématiquement sur les fesses par-dessus les vêtements ou, le plus souvent, par-dessus le sous-vêtement, mais jamais à nu en public. Le rituel était immuable. La directrice choisissait une badine qui trempait dans un vase rempli d’eau placé en permanence dans un angle près du bureau de l’enseignante, puis elle la testait en la faisant siffler en l’air deux ou trois fois.

Si le puni était un garçon, elle lui ordonnait de baisser son pantalon puis de se courber sur le bureau du professeur ; si c’était une fille, elle lui relevait elle-même la jupe après l’avoir fait s’allonger sur le bureau. L’enseignante s’étant éloignée de quelques pas, elle se plaçait entre le puni et les autres élèves si bien que les autres élèves ne voyaient pas grand-chose.

Elle faisait de nouveau siffler la badine et attendait quelques secondes. C’était un moment angoissant, je m’en souviens encore. Ensuite, elle abattait la badine à toute volée et attendait une vingtaine de secondes que l’effet produit par le coup se diffuse. Il était difficile de ne pas crier, surtout après plusieurs cinglées. À cause de la position courbée, la peau était tendue et la badine cinglait douloureusement le bas de nos fesses, portions de chair dénudée que la culotte ou le slip ne protégeait pas, ainsi que nos cuisses.

La badine était mince et flexible, mais il arrivait qu’elle se brisât. Dans ce cas, la directrice la remplaçait par une autre toute fraîche et bien assouplie par son séjour dans l’eau. Ce châtiment était douloureux et nous remplissait de honte. La plupart du temps nous finissions en larmes, nos fesses plus ou moins zébrées selon le nombre de cinglées. Quand c’était fini, il fallait se rhabiller et retourner à notre place. Si l’élève puni pleurait trop fort, il devait attendre qu’il se reprenne dans un coin, dos tourné à la classe.

Parfois, nous avions la chance que personne ne nous aperçoive dans le couloir, mais le plus souvent, nous jouions de malchance. Pour les fautes graves, nous n’étions pas envoyés dans le couloir, mais la directrice en était dûment informée. C’était pire car il fallait attendre souvent jusqu’au lendemain ou plus, avant d’être convoqué dans son bureau.

La correction avait alors lieu pendant une récréation en présence d’une secrétaire qui y assistait comme témoin, ainsi que pour l’aspect administratif. Le procédé tout comme le nombre de coups de badine étaient identiques à ceux qui était appliqués en classe, à la différence que la directrice pouvait les administrer sur les fesses dénudées. C’est le genre de correction que j’ai subie à 13 ans.

J’avais été prise en train de copier sur ma voisine. Nous fûmes toutes deux convoquées chez la directrice mais seulement deux jours plus tard. J’avais passé deux jours à angoisser et à espérer que ma faute soit finalement pardonnée. Douce illusion ! Et évidemment je n’avais rien dit à mes parents. Mes fesses avaient gagné deux jours quand même ! Je savais que la faute était grave et j’avais peur que la correction soit plus sévère qu’en classe car dans le bureau de la directrice, le châtiment corporel était le plus souvent administré sur les fesses nues. J’espérais sans trop y croire qu’elle ne baisserait pas ma culotte. Cette femme était étrangère à ma famille, et ma pudeur grandissant avec l’âge, cela me gênait beaucoup.

Avec ma camarade, j’entrais dans le bureau de la directrice le ventre noué. J’espérais un peu de clémence, mais je fus vite déçue. Elle me reprocha que ce qui nous arrivait était entièrement de ma faute. Elle nous expliqua que la tricherie était contraire au savoir-être. Pour ma voisine qui m’avait laissée copier, c’était une fraude passive, mais fraude active dans mon cas.



La correction fut exemplaire. Moi qui aspirais au gymnasium, même si j’étais plutôt sage et disciplinée, la gravité de ma faute appelait la sanction maximum de vingt-cinq coups de badine sur mes fesses nues.

C’est moi qui dus passer la première. Ma camarade fut envoyée attendre son tour dans le couloir. Une fois penchée sur le bureau de la directrice, la secrétaire vint relever ma robe et baisser ma petite culotte jusqu’aux genoux. Après avoir essayé plusieurs badines en les faisant fendre l’air, la directrice procéda avec ardeur à ma fessée.

Les sifflements de la badine étaient très angoissants. J’étais crispée dans l’attente de l’imminence du châtiment et je savais d’expérience qu’à l’arrêt de ces sifflements la première cinglée allait arriver d’une seconde à l’autre.



Même si je connaissais cela à la maison, il me fut impossible de supporter bien longtemps dignement la douleur qui envahissait graduellement mes fesses. Le violent pincement qu’exerce sur la peau nue le coup d’une badine se diffuse immédiatement dans tout le corps, une pénible sensation de douleur  que je redoutais. Pour les dernières cinglées, je poussais des gémissements et des petits cris à chaque impact. À la fin de la correction, j’étais haletante et mon visage défait par les larmes.

La directrice me donna un mot à faire signer par mes parents. Une autre punition m’attendait sûrement à la maison, et peut-être plus sévère encore. Je ne demandai pas mon reste et m’enfuis aux toilettes me cacher et prendre soin de ma coquetterie naissante en essayant de me faire aussi belle que possible.

Je n’en étais pas à ma première fessée à derrière nu dans le bureau de la directrice, mais ce fut la dernière et la plus sévère. Il faut croire qu’elle fut bénéfique puisque je n’ai plus jamais copié et ma première et tardive tentative de tricher fut la dernière.

En sortant du bureau, au passage, j’avais croisé ma camarade dont le tour était proche. Elle avait le visage livide. Je sus plus tard qu’elle avait reçu cinq coups de badine par-dessus sa petite culotte suivis de dix autres coups sur la peau dénudée. Je dois dire qu’elle m’en a voulu et que la réconciliation prit quelque temps.

Que l’on soit pris ou non dans le couloir, honteusement puni devant la classe ou dans le bureau de la directrice, les parents étaient informés de toute façon de la punition qui nous avait été administrée. Je craignais cela car à la maison la discipline était généralement plus sévère. En fin de compte, il me fut impossible d’y échapper et ma punition doublée. Sans compter que les deux jours gagnés se retournaient contre moi à cause de mon petit mensonge par omission.

Après la fessée, la journée fut longue. Je craignais la réaction de Maman, et cherchais une défense. Avec ce mot, je n’avais plus aucun moyen de cacher plus longtemps ma faute. Une fois à la maison, ne pouvant plus retarder les événements sous la forme éventuelle d’une nouvelle fessée, je remis assez vite le mot à Maman, en lui assurant que j’avais été fortement punie, que j’avais compris, que je le ferais plus… Bien maigres arguments face à une maman devenue suspicieuse depuis deux jours. Elle devinait à ma tête que quelque chose me tracassait. A chaque fois qu’elle me l’avait demandé, je lui avais répondu « non, non, ça va… ».

« Ah, c’est donc ça que tu me cachais, dis-moi ? »

Je restai silencieuse et baissai la tête.

« Tu crois quand même pas que je vais laisser passer une telle bêtise ? Tu vas voir tes fesses ! »

« Non, Maman, s’il te plaît, pas la fessée ! » la suppliai-je.

« Oh, que si la fessée ! Tu aurais mieux fait de tout me dire avant-hier et de ne pas accumuler tes petits mensonges. Tu aurais eu la fessée, et aujourd’hui ce serait fini. Maintenant tu vas le regretter. Ce sera vingt-cinq coups pour avoir copié et vingt-cinq autres pour ton attitude et tes mensonges depuis deux jours. Allez en position ! »

J’étais abasourdie, mais nous n’étions que toutes les deux à la maison à ce moment-là. Alors avant que ma sœur et Papa n’arrivent, la mort dans l’âme, je préférais docilement me pencher, les mains en appui sur une chaise, mais le ventre à nouveau noué. Maman ouvrit un tiroir qui contenait quelques badines. Elle en fit siffler dans l’air quelques-unes et fit son choix. Cela me fit frissonner. Elle me releva la robe et baissa aux genoux ma petite culotte. Pour la deuxième fois de la journée je me retrouvais les fesses à l’air, dans l’angoissante attente d’un châtiment.

Maman me fit la remarque que les traces de ma punition commençaient à bien s’estomper. Elle me tapota les fesses et ajouta qu’elles étaient toutes froides et qu’elle allait les réchauffer. Elle se mit de côté cherchant sans doute le bon angle pour bien cingler mes rondeurs jumelles. Quelques secondes s’écoulèrent encore. Je me crispai dans l’attente. Bien sûr, les effets douloureux de la correction du matin avaient très vite passé, mais le premier coup me pinça énormément.

Cependant, cette fessée avait rendu sensible mon épiderme. Je ne pouvais longtemps retenir des larmes, même si je réussissais à contenir un peu mes cris. Je piétinais à chaque impact, secouais la tête, me tordais, et parfois me relevais. Connaître le nombre de coups de badine à l’avance ne me servit à rien. Je perdis très vite le compte, trop accaparée par les signaux douloureux émanant de mes fesses et qui semblaient diffuser un venin dans tout mon corps.

Maman frappait à intervalles plus rapprochés que la directrice. Parfois, elle attendait que je me remette correctement en position. À un moment, elle s’arrêta, et me précisa que « Ça, c’était pour la grosse bêtise à l’école. Maintenant, ton attitude… ». Et elle reprit.

J’étais nerveusement épuisée, je ne souhaitais rien d’autre que la fin de cette fessée. À partir de ce moment je me mis à crier plus fort. C’était intensément douloureux, mais avec sa méthode, la fessée de Maman ne durait en fait pas très longtemps, même si pour moi c’était de toute façon trop.

À la fin elle me conseilla de « ne pas y revenir », et me laissa en plan.



Après avoir repris une respiration plus calme, culotte à la main et robe rabaissée, je m’enfuis vers la salle de bain. Une fois à l’intérieur, je relevai ma robe et donnai un coup d’œil à mes fesses pour constater les dégâts. Elles étaient toutes striées, jusque sur les cuisses par endroits,  et me semblaient gonflées. Je m’essuyai le visage. Déjà la sensation de brûlure de mes fesses faisait place à un gros picotement. Rude journée !

Ce mot aux parents marquait donc une continuité entre l’école et la maison. Et la relation avec la famille était un trait caractéristique de l’école tchèque. Elle était conçue comme cela, et à ma connaissance l’est toujours, même s’il y a longtemps que je n’ai plus d’échos sur des châtiments donnés à l’école élémentaire.

Chez moi, de mon enfance à l’adolescence, c’était Maman qui, le plus souvent, me punissait, quand je faisais des bêtises. Et avec elle, c’était la fessée à la main quand j’étais petite. J’en ai peu de souvenirs. Puis ce fut avec la badine. Que la punition soit donnée par Papa ou Maman cela ne faisait guère de différence. La badine faisait son œuvre. Impossible de s’y habituer pour autant. Nous n’étions pas punis pour des peccadilles, bien sûr !

Aujourd’hui encore il règne en Tchéquie une certaine sévérité, et les châtiments corporels (gifles et fessées) continuent d’être utilisés surtout à la maison, mais plus rarement la badine que je sache. Et je crois qu’après avoir connu des régimes autoritaires et liberticides, les Tchèques n’accepteraient pas une loi interdisant la fessée, comme en France. Le gouvernement ne devrait pas s’immiscer dans la vie des familles et se substituer aux responsabilités parentales.

1 commentaire:

  1. Merci pour ce témoignage, en effet la fessée faisait partie du paysage éducatif, et les enfants étaient bien plus disciplinés et respectueux qu'aujourd'hui... Je ne pense que vous en voulez à vos parents pour autant...

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